Icône de la religion chrétienne, Marie-Madeleine – aussi appelée Marie de Magdala – porte un lourd tribut : elle est considérée comme une pécheresse, parfois même une fille de joie. Sa place extrêmement importante auprès de Jésus est minimisée dans les récits, alors qu’elle n’est sans doute pas aussi frivole qu’on le dit, et qu’elle est surtout repentie et fidèle.
Elle est présente lors de la crucifixion, et c’est la première à constater la résurrection du Christ.
Derrière son image et son histoire, plusieurs interprétations sont possibles. Surplombant toutes les autres, ne reconnaitrions-nous pas en elle l’image du féminin sacré ?
Mort et renaissance
Comme Esmeralda (signifiant Emeraude, anagramme d’Eau de Mer), femme qui attise toutes les passions par sa beauté, incarnant la pureté des sentiments (dans Notre Dame de Paris de Victor Hugo), elle porte la violence de la mort et la force de la renaissance. Le début et la fin. L’ignorance et la compréhension.
On peut l’associer à l’étoile du Matin et l’étoile du soir qui est en fait la planète Vénus, que l’on appelle l’étoile du berger quand elle est visible dans le ciel. Visible tantôt le soir, tantôt le matin. Avant de découvrir qu’il s’agissait d’une seule et même planète, on croyait qu’il s’agissait de deux étoiles : Eosphoros et Hespéros.
Eosphoros veut dire « porteur de lumière de l’aurore », mieux connu sous le nom de Lucifer. Hespéros signifie « du soir », « nocturne ». Il ouvre sur l’Espoir. Le mot venant du latin speros, proche de spire ayant donné respiration, souligne une nouvelle fois la nécessité d’un début et d’une fin pour former un entier cohérent.
On notera l’inversion : naturellement on pourrait penser que l’espoir nait au matin, or c’est le début du combat. L’espoir nait la nuit. On comprend mieux les paroles d’une célèbre chanson « (…) Pour s’apercevoir que l’espoir émerge du noir » (l’Empire du côté Obscur, Iam).
Vénus, déesse de la Beauté et de l’Amour (Aphrodite chez les grecs), est assimilée à Isis chez les Egyptiens, Ishtar en Mésopotamie et Inanna chez les Sumériens. Elle est présente depuis les origines du monde. Et si des nuances existent entre toutes ces femmes, ces figures mythiques et historiques ont des liens complexes et fascinants pouvant être associés en un seul et même principe.
Comme un désordre nécessaire à la compréhension, Marie-Madeleine et bon nombre de ses acolytes féminines traduisent du besoin de mouvement intérieur pour avancer vers soi.
Ce qui débute par des épreuves, se conclue par une possibilité de changements. Comme des boussoles, elles sont nécessaires pour notre évolution.
On commence aussi toujours par être ignorant avant de maîtriser un sujet.
Entre féminin incarné et féminin divin
Marie-Madeleine fait le pont entre l’aspect terrien, imparfait, et la nature divine, présente dans le temple intérieure. Elle relie ces deux mondes par la force d’une Foi retrouvée.
Elle illustre aussi la dualité entre l’amour sensuel et l’amour spirituel.
Dans cette même énergie, Ishtar est souvent représentée avec des lions et des étoiles, symbolisant sa dualité entre la douceur et la force.
Amour, Beauté, Fertilité, Magie
Les variantes autours de la féminité sont aussi nombreuses qu’il y a de Dieux et de Déesses ou de personnages féminins dans les religions. Parfois pures, d’autrefois guerrières, les déesses prennent d’autres formes sous les noms de Diane, Ariane ou encore Athéna. Comme des parts de nous-même, hommes ou femmes, qui s’expriment de toutes les manières possibles.
Elles portent cependant toutes en elles des idées d’Amour, de Beauté (la Rose), et de fertilité.
Si Marie incarne la maternité et la pureté, pour Marie-Madeleine, il est plutôt question de l’aspect initiatique. C’est une femme d’expérimentation, dans l’introspection. Elle est la part en chacun de nous qui se doit d’être purifié pour atteindre sa part christique.
Il est dit qu’elle a fini sa vie dans une grotte (à la Sainte Baume), avec pour seule compagnie celle des Anges. Des traditions ésotériques considèrent Marie-Madeleine comme une initiée spirituelle, tout comme Isis, gardienne des mystères sacrés.
La nuit, la grotte et la psyché
Comparer la dualité du masculin et du féminin permet de comprendre ce féminin divin en chacun de nous, et pourquoi notre Marie-Madeleine est dans une grotte.
Elle est l’intuition, les sentiments, les ressentis, l’intériorité.
Et le masculin, est notre capacité d’action, nos réalisations, ce que l’on concrétise à l’extérieur.
Ses attributs
Ses attributs dans les représentations picturales sont un vase à nard pour illustrer le fait qu’elle ait oint les pieds de Jésus. Fermé ou ouvert, ce calice ressemble à un œuf cosmique. Cela met en avant le fait que le principe féminin soit un réceptacle accueillant, un contenant.
Marie-Madeleine a la plupart du temps un vêtement rouge, un ruban noué à la taille et les cheveux lâchés. Elle est parfois représentée avec un crâne, signifiant les cycles de la vie et la mort, ou un livre pour l’érudition.

Luca Signorelli

Master of the Mansi Magdalene
The Magdalen holding an ointment jar, an extensive landscape beyond


La vierge Marie est habillée en bleu et blanc, parfois allaitant. On ne peut pas les confondre.



C’est pourquoi, sur bon nombre de tableaux de la Sainte Famille, on peut nettement remettre en cause le fait qu’il s’agisse de Joseph avec la vierge Marie.


Ici, on peut même décoder en langue des oiseaux. On voit la dame filer la laine. C’est la dame de Laine, donc la Madeleine. Le garçon tient un oiseau dans la main (ois haut), pour le tenir à l’écart du petit chien qui est le premier compagnon du pèlerin sur la carte du Mat dans le tarot de Marseille.
